La passe décisive

Enfant, mes sœurs m’ont appris que ma virginité était un trésor. Que j’avais une valeur inestimable et que j’étais appelée à épouser un Prince.

J’ai grandi avec cette volonté de bien faire. Être droite, bien dans mes baskets, attendre mon Prince, celui là qui me mériterait vraiment. Les consignes étaient simples !

Et puis loin du conte de fée qui m’a bercé, j’ai grandi… mon cœur a commencé à aimer, des Princes ? Non, pas forcément. Il y a eu beaucoup de crapauds… et j’ai dû embrasser chacun d’entre eux, à la recherche de mon Prince. Le problème quand on embrasse tous les crapauds, c’est que notre cœur se brise, déception après déception.

Ah ma vie amoureuse, quel dépotoir ! Ah mon cœur ! Quel soldat ! Il s’emballe toujours un peu vite. De ma mémoire d’amoureuse, ça a commencé par une amourette innocente dans la cour de mon école primaire. Cheick Diop, je ne l’oublie pas, malgré le temps qui passe et la candeur de nos sentiments, peut-être pas réciproque. J’écris et je souris, le pauvre, savait-il que j’étais éprise de lui ?

Puis de cet amour candide sont nées progressivement des amourettes un peu moins innocentes.  Oui, mon premier grand amour m’a fait balader, littéralement ! Je l’aimais, il me désirait, peut-être m’aimait-il ? Toujours est -il que les après-midis au quartier, avait des gouts de romances interdites, ces baisers généreux, ces premiers pas dans le monde charnel de l’amour, toujours censurés par mon désir de garder ma fleur…

Chaque épisode de notre histoire était relaté dans mon petit journal intime, la honte fut mienne, ce jour où mes ainés l’ont découvert, lu et m’ont vanné ! J’aime ma famille. Je pense que les tabous n’existaient pas, même si je m’interdisais d’être honnête. Trop pleutre pour ne pas risquer d’être sournoise… je protégeais mon monde…

Déjà à cette époque j’aimais avec innocence, j’aimais, mais on ne le rendait jamais bien, mais j’aimais jusqu’à l’usure de moi.

Je suis une fille très intelligente, mais tellement pathétique quand il s’agit d’amour.

… oui j’ai appris à aimer avec vérité, fougue, innocence mais surtout naïveté… Puis il y eu ces amours passions, ceux pour qui peu à peu j’ai retiré ma vertu. J’ai travesti mes principes, au nom de l’amour, seigneur pardonne moi.

Je pense que l’amour est mon plus grand vice ! Jamais de ma vie, j’ai été l’être aimée. Comme une esclave, j’aime, sans rien attendre en retour, sinon que la satisfaction de voir l’autre heureux. C’est cela l’amour n’est ce pas ? Ah oui ces crapauds ont bien profité de ma belle naïveté ! Au fond je savais ! Je savais que je méritais plus, mieux, ! Je savais que ce n’était pas cette boue mon destin, mais l’amour à ses raisons que la raison ne cherche plus à comprendre !

L’amour s’est trompé de prénom, l’amour m’a trompé, je l’ai trompé aussi parfois, il a commencé le premier ! L’amour m’a manqué de respect, jeté en pâture, m’a renié, s’est moqué de moi, m’a avorté, m’a vomi !

A chaque crapaud, je ferme les yeux et je prie que ce soit ce prince qu’on m’a promis.

Ce n’est pas faute de t’avoir prié mon Dieu ! De quoi me punis tu ? Pourquoi diantre m’as-tu faite si parfaite pour ces amours imparfaits ?

Le pire dans ce récit pathétique c’est que j’y crois encore ! Je ferme un chapitre, je soude mon cœur et je repars !

Mais il est temps de prendre soin de moi.  De penser à moi. De faire « Ma difficile » …

Je rêve d’un homme qui prendra plaisir à m’écouter parler ! Qui aura besoin de moi dans sa vie. Qui a des valeurs morales, qui se respecte et me respecte. Pour qui la vérité n’est pas une option. Qui accepte mes ronflements et mon hyper activité. Qui saura trouver sa place dans ma famille, qui fera de moi sa famille. Qui m’aide à me surpasser et qui prend conscience que je suis une bénédiction, un trésor qui se protège.

Je rêve de quelqu’un qui sait ce qu’il veut dans la vie.

Et puis je sais que cet homme il est quelque part ! Hâte de me laisser aimer pour une fois. Je souris, rien qu’a l’idée de découvrir pour la première fois l’amour, car j’ai certes beaucoup aimé, on m’a aussi aimé, mais jamais personne ne m’a aimé à ma juste valeur ! Alors j’ai hâte de ce premier et unique amour.

Ma vie est un cahier de rature, je souris à nouveau en écrivant ça, des ratures qui me grandissent, m’enseignent… Je continue…

Bref, écrire m’apaise, je le suis un peu plus…

Malicka Ouattara…

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