Moi, orpheline du sida.

Je suis Malicka Ouattara, je suis née en 1994. Je suis scénariste, auteure de nouvelles et de romans. Je suis également conceptrice-rédactrice, blogueuse et je suis orpheline du sida. La vie de ma mère n’a pas été vaine, car en plus de m’avoir donné la vie, le combat de ma mère contre le sida a inspiré ma maman adoptive à orienter sa carrière vers la transmission du sida « mère-enfant ». Son combat contre le sida a donné naissance à une unité au CHU qui s’occupe jusqu’à ce jour des jeunes femmes malades du sida. Savoir aujourd’hui que la vie de ma mère a impacté de nombreuses autres vies me fait sourire.

Je suis Malicka Ouattara, j’aurai bientôt 28 ans, et le premier mai 1994, je suis née, porteuse du VIH-sida. Je l’ai contracté de ma mère qui, elle, l’a eu de mon père… Mais, par miracle, après plus d’un an à porter le virus, j’ai eu la guérison… Je suis là aujourd’hui, mais mes parents, non. Je ne connais pas toute mon histoire, mais je sais que ma mère a vécu une vie utile et je suis fière d’être l’enfant de cette lionne.

Aujourd’hui, j’aimerais dire à quelqu’un que la vie est faite d’épreuves. Parfois, on interroge la vie, en disant « Pourquoi moi ? », « Pourquoi ce malheur ? » … Mais, ce qu’il faut comprendre, c’est bien qu’aucune épreuve n’est vaine et que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu.

Ma mère a été embauchée pour être nounou. Elle est arrivée dans une famille où le père était pharmacien et la mère gynécologue obstétricienne. Par la grâce de Dieu, maman est vite devenue le bras de sa patronne et les enfants l’aimaient… Puis, je suppose que maman a rencontré mon père. À l’époque, le sida était la nouvelle maladie du siècle, la grande inconnue qu’on découvrait. Je ne sais pas où papa l’a attrapé, s’il le savait ou pas… une chose est sûre, ils s’aimaient et la famille de maman avait adopté papa. Un jour, maman est tombée enceinte. Elle en a informé sa patronne qui était comme sa mère. Sa patronne a demandé à rencontrer mon père et dès que ma maman (la patronne) a vu mon papa, elle l’a trouvé étrange. Il était amaigri. Elle a alors décidé de faire le test du sida à maman, sans lui expliquer les choses. C’est comme ça qu’on a découvert que maman, enceinte de moi, était infectée.

À l’époque, comme je le disais, la maladie était nouvelle. Il n’y avait pas de traitement pour les fœtus. Ma maman (la patronne) a tout fait pour soigner ma mère. Elle lui donnait les traitements et, comme elle me l’a dit, elle « priait » pour moi.  La suite, vous la connaissez. Maman a été soignée longtemps sans savoir pourquoi et, un jour, elle a vu à la télévision qu’on parlait du sida. Elle a compris toute seule. Elle a alors demandé ouvertement à ma maman si elle avait le sida et ma maman (la patronne) le lui a confirmé. La première réaction de ma maman a été de savoir ce qu’il en était pour moi. Et, Dieu merci, à ce moment-là, j’étais saine.

Aujourd’hui, j’aimerais dire à quelqu’un que la vie est faite d’épreuves. Parfois, on interroge la vie, en disant « Pourquoi moi ? », « Pourquoi ce malheur ? » … Mais, ce qu’il faut comprendre, c’est bien qu’aucune épreuve n’est vaine et que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu.

J’ai eu une enfance heureuse. Je vivais avec maman et ses patrons. J’étais une enfant aimée, protégée, gâtée. J’ai évolué entre deux mondes : ce monde d’aisance dans lequel travaillait maman et son monde à elle, celui où j’avais ma famille de sang, à Yopougon Sicogi. Et je garde de très bons souvenirs de mes séjours là-bas. Ma mère était souvent malade. À l’époque, je ne savais pas pourquoi. Mais, je l’ai vue souffrir. Un jour, nous sommes allées à Yopougon pour ses congés. Maman devait se rendre au village pour ses soins. Pensait-elle qu’un remède traditionnel pouvait venir à bout de son mal ? Une chose est sûre, maman a pris la route. La dernière image que j’ai d’elle est celle de son dos. Elle partait, me promettant qu’elle reviendrait, mais malheureusement, elle n’est plus jamais revenue. Je devais avoir 5 ou 6 ans, je ne sais plus, mais je sais que la douleur a été vive et que mon deuil a pris du temps. Je ne sais pas quel âge j’avais, mais j’ai le souvenir précis de la nuit où j’ai appris sa mort. Ma réaction, ma grand-mère. Mon deuil a pris du temps. À la mort de maman, ses patrons ont décidé de me garder. J’avais toujours vécu avec eux et maman avait demandé que je reste chez eux. C’est comme ça que je suis devenue cette Malicka Ouattara.

Il y a seulement quelques années que j’ai appris le comment de mon histoire.

Je suis Malicka Ouattara, je suis née en 1994. Je suis scénariste, auteure de nouvelles et de romans. Je suis également conceptrice-rédactrice, blogueuse et je suis orpheline du sida. La vie de ma mère n’a pas été vaine, car en plus de m’avoir donné la vie, le combat de ma mère contre le sida a inspiré ma maman adoptive à orienter sa carrière vers la transmission du sida « mère-enfant ». Son combat contre le sida a donné naissance à une unité au CHU qui s’occupe jusqu’à ce jour des jeunes femmes malades du sida. Savoir aujourd’hui que la vie de ma mère a impacté de nombreuses autres vies me fait sourire. Et j’aimerais dire à quelqu’un que ton histoire a un but, que tes souffrances ne sont pas vaines et que Dieu dirige toujours.

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