Tu es bête. Tu mens. Tu es une pute. Imbécile, je vais te tuer et te jeter dans le caniveau. A part moi personne ne voudra de toi. Donne-moi ton mot de passe. Tu veux te faire draguer, c’est pour ça que tu portes ça. Je vais te rendre célèbre sur les réseaux, j’ai des photos et vidéos de toi. Sale pute. Toutes tes sœurs sont des putes. Imbécile, chienne. Menteuse… idiote. Si je te vois avec un autre je te frappe et je le frappe aussi. Ecrire ces mots me replonge dans des souvenirs douloureux que je tente encore d’oublier et surtout de pardonner. Si je partage cette part de moi c’est pour donner de la force à une jeune femme, de se sortir de cet engrenage qu’est l’amour-prison.
J’appelle l’amour-prison cette relation dans laquelle on étouffe, cet amour qui nous fait peur et qui nous brise intérieurement. Cet amour qui nous fait nous sentir coupable… alors que nous sommes des victimes.
Je n’ai pas envie d’expliquer le comment du pourquoi je me suis retrouvée la cible d’un jeune homme que j’ai aimé. Peut-être qu’une autre fois j’y parviendrai. Cependant ce que je peux vous dire c’est que les violences psychologiques existent. J’en ai été victime.
Tous les jours pendant des mois j’ai été insultée et menacée. Par sms, sur les réseaux sociaux. Et aujourd’hui encore il arrive que mon bourreau m’écrive pour m’insulter.
J’ai appris à être forte depuis le début de cette histoire. J’ai appris à être fière et à ne pas sombrer. En plus d’une année de menace et d’injures jamais je n’ai répondu ou insulté, mon silence a été ma plus belle arme de défense.
Aujourd’hui je vois et j’entends le témoignage de jeunes femmes qui sombrent dans des amours-prisons. Qui vivent sous la menace et la contrainte, sous l’influence d’hommes qui exercent sur elles des pressions psychologiques. C’est à vous que j’écris, c’est pour vous que j’écris.
Les gens ne comprendront pas pourquoi vous restez dans ces relations. Ils diront que vous êtes idiote, ou que vous aimez souffrir. Ils ne verront pas la détresse de votre mental. Ils ne comprendront rien mais ils jugeront.
Moi je comprends. Moi je sais que ce n’est pas facile, je sais qu’il vous faut un déclic.
Le déclic que j’ai eu moi, c’est quand ma meilleure amie m’a dit un jour qu’elle ne supportait plus de vivre mon enfer. Quand elle a essayé de s’éloigner de moi, j’ai compris que j’étais au bout du tunnel. Mon bourreau m’avait éloigné de tout le monde. Je n’avais plus d’amis. Il ne me restait que ma meilleure amie, et quand j’ai réalisé qu’elle aussi s’en allait loin de moi, dans ma tête il y a eu une rage et une force qui a exploser.
En décembre prochain je lance la deuxième édition de Women Testimony Day sous le thème : Pervers narcissiques, violences psychologiques et physiques, comment s’en sortir ?
Parler pour ne plus sombrer, parler pour délivrer une sœur, parler pour vivre mieux. Pour que plus aucune femme ne sombre dans un amour-prison.
Je reste disponible pour toutes celles qui voudraient juste parler et se libérer. Ensemble nous nous aiderons à surmonter nos maux.
A suivre…